L’école dans la littérature (suite): Chagrin d’école de Daniel Pennac.

Ce récit  a pour figure centrale, le cancre, le mauvais élève. Figure déclinée à la 1° personne quand l’auteur évoque sa longue cancrerie, n’hésitant pas à passer à la 3° personne comme pour se mettre à distance, objectiver le portrait, permettre l’identification par autrui.
L’auteur n’est plus le cancre qu’il fut. De cancre à professeur puis écrivain populaire, voilà une métamorphose  peu banale qui doit beaucoup, l’essentiel,  à l’amour.
Mais le cancre n’est pas mort avec le professeur ou l’écrivain.

Le professeur lui doit une attention particulière aux cancres et une réflexion pleine de bon sens sur l’école de la République. L’écrivain lui doit des interpellations, des interruptions, des irruptions intempestives, savoureuses, qui font « bruit » dans la belle construction du professeur écrivain, montrant combien l’opposition cancre-professeur, ignorance-savoir est devenue dialectique fructueuse, non élimination du contraire mais enrichissement réciproque : l’ignorant apprenant à savoir, le savant apprenant à ignorer.
Le récit finit presque par donner le dernier mot au cancre : L’amour. Comme le professeur, pédagogue, veut nous faciliter la compréhension du mot, il transforme en poète, une situation réelle en métaphore : c’est l’amour qui nous fait ranimer une hirondelle assommée, point  final. Doublon du dessin métaphorique-métonymique du début où le  « a » engendre le « b » puis un personnage batifolant horizontalement, loin des contraintes du cartable, avant de plonger, de se noyer et d’être repêché par le fond du pantalon, sauvé par un professeur-sauveteur renvoyant le cancre aux joies du cartable.
Les portraits de professeurs-sauveteurs, variés, révèlent à quelles conditions le sauvetage est parfois, souvent, possible : être pleinement présent à la matière enseignée, être pleinement présent aux élèves de la classe,  à « ses » élèves  de « sa » classe

Un petit tour chez les cancres en vidéo:

 

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