Durant sa courte vie, le poète français prolifique René Guy Cadou (1920-1951) connaît plusieurs événements marquants: la mort de son père, la guerre, la débâcle de la deuxième guerre mondiale et la rencontre de sa femme, Hélène, qui inspire le recueil Hélène ou le règne végétal. Ses poèmes d’une élégante simplicité mènent vers une approche mystique des choses et des êtres aimés. Cependant son expression poétique, nourrie d’une correspondance avec Max Jacob, peut aussi être poignante et personnelle reflétant l’amour, la liberté, et la fraternité des hommes face aux horreurs de la guerre. Ses poèmes associent fraîcheur et urgence.
Présentation
Hélène ou le Règne végétal est un recueil de poèmes que René Guy Cadou adresse à sa femme. Il a donc été inspiré par la rencontre que fait en 1943 l’auteur de sa muse Hélène qui va transformer l’œuvre du poète, qui s’empreindra désormais à chaque vers de l’amour et de la dévotion qu’il voue à son épouse.
L’auteur s’adonne donc ici à une louange à l’amour – l’amour qui a éveillé partout autour de lui la nature, la paix et la beauté. Ce recueil qui regorge d’éléments en lien avec ce thème délivre également un message de paix et d’harmonie que l’auteur tente de transmettre à un monde qui a l’oreille dure.
Composé d’un nombre considérable de poèmes, Hélène ou le Règne végétal englobe tout un pan de l’œuvre du poète, des textes écrits entre 1947 et 1951.
Poème choisi:
Je t’attendais ainsi…
Je t’attendais ainsi qu’on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu’une oreille dans l’herbe
Qui écoute apeurée la grande voix du temps
Je t’attendais et tous les quais toutes les routes
Ont retenti du pas brûlant qui s’en allait
Vers toi que je portais déjà sur mes épaules
Comme une douce pluie qui ne sèche jamais
Tu ne remuais encore que par quelques paupières
Quelques pattes d’oiseaux dans les vitres gelées
Je ne voyais en toi que cette solitude
Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou
Et pourtant c’etait toi dans le clair de ma vie
Ce grand tapage matinal qui m’éveillait
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
Ces astres ces millions d’astres qui se levaient
Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
Pétillaient dans le soir ainsi qu’un vin nouveau
Quand les portes s’ouvraient sur des villes légères
Où nous allions tous deux enlacés par les rues
Tu venais de si loin derrière ton visage
Que je ne savais plus à chaque battement
Si mon cœur durerait jusqu’au temps de toi-même
Où tu serais en moi plus forte que mon sang
Cadou, René Guy « Je t’attendais ainsi… », Hélène ou le règne végétal, Paris, Seghers, 1951.
J’aime Cadou! Tant!
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Moi aussi! Pas si « scolaire » qu’on veut bien le dire!
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