Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd’hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Louis Aragon
C’est très joli, Barbara, très juste… Vous devriez envoyer ces paroles à Camille. Je la vois et l’entends bien les dire. Quant à « poplité », je ne connaissais pas ce mot. R. Barthes, s’il l’avait connu, l’aurait fait figurer sans doute dans ses « Fragments d’un discours amoureux »… Verriez-vous un inconvénient à ce que je reblogue ce billet? Bon dimanche à vous !
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Non, cela ne me dérange pas…au contraire.
Le poplité est un mot du corps que j’aime et qui me chatouille comme orteil ou oreille…Je l’ai appris très jeune et je me le répétais en boucle alors que mon frère, au milieu de ces années 70 insouciantes, se tenait bien droit, et debout, à l’arrière de la voiture, les deux avant-bras sur les sièges avant.De là où je me tenais, moi, j’observais mi-effrayée et mi-curieuse ce poplité où battait une grosse veine bleue…
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A reblogué ceci sur Moulins à paroles (M@P)et a ajouté:
Comme quand Christine and The Queens prononce le mot « joli » (dans les Paradis perdus, je crois bien)…
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J’écoute et j’aime beaucoup Camille…
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Moi aussi!
Magnifique poème!
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c’est gentil!
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J’aime beaucoup ta poésie
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ça me touche beaucoup.
j’ai peur parfois qu’elle ne soit perçue comme « violente »…
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La violence exprime elle aussi. Je n’ai peur que du silence qui aurait perdu son essence.
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Pourtant je crois que le mot parfait est celui qui se rapproche le plus du silence…Le silence, la voix, le bavardage…C’est une grande affaire dans ma vie.
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Symboliquement le silence annonce le bruit, la parole, la musique. Il précède le son. Il l’enfante
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C’est vrai;La quête du mot juste en passe par là..
Je lis Xavier Bordès tous les jours. Sans oser lui parler. Fort caractère et timide à la fois…
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Il faut oser. C’est comme ça que tout a commencer pour nous il y a… 30 ans.
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N’as tu jamais pensé à publier ?
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Non.Ma fille (elle s’ apprête à épouser le même métier que moi…) et son papa en parlent. Pas moi. Même si les choses semblent s’accélérer depuis l’ouverture de ce blog en juillet…
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Il faut y penser. En revue pour commencer
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Je n’ai pas la moindre idée du comment…
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Simplement. En envoyant des poèmes à des revues…
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Je n’ai pas trouvé « le contact » où vous écrire via mail…
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Boris.sentenac@gmail.com
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