Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd’hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Louis Aragon
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Bravo et bonne soirée 🙂
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merci lesfaitsplumes…
bonne soirée à vous aussi…
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L’appât rance mais notre Président nous en gave, sourd mais pas muet il saoule même le balcon, Nougaro aurait chanté en son honneur MON VIL ROSSE…
Le Service Public les petits génies de la finance veulent se le partager pour en croquer plus…adieu vos avantages sociaux, les tribunaux, postes, maternités, etc, la proximité c’est déjà loin…voici le rêve amer hic hein….
N-L
VISA POUR L’AMÉRIQUE
Amérique vois-tu ton lyrisme m’émeut
Tes gratte-ciel s’en vont par trois comme à l’école
Apprendre leurs leçons dans l’azur contagieux
Ils s’amusent parfois des riches cabrioles
Que font vertigineusement sur la cohue
Tes insectes maçons qui perdent la boussole
Peuple d’enfants éclos dans un tohu-bohu
Germe d’un premier lit d’une
Europe malade
Tes races dans les milk-bazars font du chahut
Ô peuple de gitans géographes nomades
Western perpétuel qui dors à
Washington
Tes
Peaux-Rouges n’ont plus le sens de l’embuscade
Ils plient sous le fardeau de tes sine qua non
Le fusil mort debout au fronton des réserves
Et le râle employé à des éléïsons
Le poétique végétal mis en conserve
Moisit dans le gésier de tes adolescents
Qui mettent des cocarde(s) aux fesses de
Minerve
Toi tu vis aux crochets de la banque et du sang
Fabriquant des monnaies à l’étalon des autres
Garce qui prend son lait au monde vieillissant
Nous avons une église et tu as des apôtres
Qui viennent mitraillette’au poing tous les vingt ans
Dans notre moyen âge où leur carne se vautre
Les abattoirs de
Chicago sont débordés
Notre-Dame à
Paris est en pierres d’époque
Les grèves à
New
York ça fait mauvais effet
Amérique vois-tu ton lyrisme est baroque
Tes pin-up font la peau aux enfants de
Pantin
Le cœur éberlué sous leurs pauvres défroques
Tes gangsters d’Épinal couvent des assassins
Qui sortent des cinés les menottes aux pognes
Le cœur arraisonné battant sous ton grappin
Bohémienne domptée au service des cognes
Tes hôtels sont barrés tes amants sans papiers
Donneraient bien tes cops pour un bois de
Boulogne
Tu crains de ne pouvoir brûler tous les fichiers
Qui se baladent dans la tête des fantômes
Visiteurs importuns de tes blancs négriers
Pendant que leurs enfants improvisent des psaumes
Dans les temples du jazz la trompette aux abois
La peine dans le blues et la crampe à la paume
L’échéance inflexible et le chèque à l’étroit
Le cordonnier a la voiture américaine
Et siffle des cireurs au dollar dans la voix
Paradis mensuel du bonheur à la chaîne
Les machines électroniques font crédit
Les frigidaires rafraîchissent la migraine
Le dollar ouvrier se fait des alibis
Le soir sur son grabat doublé de gabardine
Il n’a que deux jours pour payer tes habits
Deux mois pour ta maison sept pour la zibeline
Que tu prête(s) à sa femme à chaque bal public
Où elle va geignant des désirs de cantine
Quand je vois de tes fils mâchant leur ombilic
Sur quelque char à bancs où s’étale ton chiffre
Je pense à la misère noble du moujik
Au berger provençal au
Belge qui s’empiffre
A l’Allemand nazi qui dort sous quelques fleurs
A l’Italien qui se travaille dans le fifre
Aux valses de
Ravel au rite d’Elseneur
Au
Juif déraciné qui fuit la
Palestine
Au
Carrousel le mois d’octobre au lac
Majeur
A
Chartres à
Reims à
Caen aux chansons de
Racine
Aux chevaux de
Paris qui fuient les abattoirs
A
Diaghilev à
Beethoven aux
Capucines
Qui fanent en dansant juillet sur les trottoirs
A tout ce que j’oublie aux
Alpes misanthropes
A l’Orgueil au
Refus à l’Allure à l’Espoir
Images se brouillant au kaléidoscope
Que me fait l’œil de tes gamins frais importés
Et j’y vois doucement mourir la
Vieille
Europe
Léo Ferré
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Le commentaire que j’attendais….
Merci merci…
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Barbara, j’aime tant cette immense artiste : sa voix, ses textes.. elle m’émeut. bonne soirée à toi et merci pour ce beau partage 🙂
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Merci, à toi aussi Frédéric…
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