Dans l’Atelier (VII)

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Au terme d’une nuit double

Entends

l’aube passer le seuil et te désigner le lieu habitable où niche l’or des fous.

L’oiseau de leur regard est resté debout à nous écouter dans les nuages qui s’égarent

et déjà leurs joues de statue tremblent à l’idée d’une soif à étancher au-dessus des fontaines respectables

Prends

à ma paume

ce que je vais te confier du secret des gisants.

ils avaient un regard trop grand et trop sage posé sur un monde très en retard

Prends

Cela te suffira à faire le lit de l’errante image  Prends  Ne t’éloigne pas de la proue de ma voix et puis

Partage

 

Barbara Auzou

 

5 réflexions sur “Dans l’Atelier (VII)

  1. Fourche avancée comme l’heure aux aiguilles
    qui sonne sans rien marquer de fausse piste conduisant hors du lieu habitable
    L’image sosie trompe
    deux cas de figure n’ont pas pour autant le même visage
    Sur la pierre allongé, le gisant secret est à peine éclairé par le rai du vitrail
    je comprends
    Il faut aller dessous la dalle pour voir la réalité le la source d’eau potable
    Je prends sa clarté pour ma toilette matinale
    laissant pleuvoir les eaux sales…
    N-L

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      • LA VISION D’OU EST SORTI CE LIVRE

        J’eus un rêve : le mur des siècles m’apparut.

        C’était de la chair vive avec du granit brut,

        Une immobilité faite d’inquiétude,

        Un édifice ayant un bruit de multitude,

        Des trous noirs étoiles par de farouches yeux,

        Des évolutions de groupes monstrueux,

        De vastes bas-reliefs, des fresques colossales ;

        Parfois le mur s’ouvrait et laissait voir des salles,

        Des antres où siégeaient des heureux, des puissants,

        Des vainqueurs abrutis de crime, ivres d’encens,
        Des intérieurs d’or, de jaspe et de porphyre ;
        Et ce mur frissonnait comme un arbre au zéphire ‘ ;
        Tous les siècles, le front ceint de tours ou d’épis, Étaient là, mornes sphinx sur l’énigme accroupis ;

        Chaque assise avait l’air vaguement animée ;
        Cela montait dans l’ombre ; on eût dit une armée
        Pétrifiée avec le chef qui la conduit
        Au moment qu’elle osait escalader la
        Nuit ;
        Ce bloc flottait ainsi qu’un nuage qui roule ;

        C’était une muraille et c’était une foule ;

        Le marbre avait le sceptre et le glaive au poignet,
        La poussière pleurait et l’argile saignait.
        Les pierres qui tombaient avaient la forme humaine.
        Tout l’homme, avec le souffle inconnu qui le mène,

        Eve ondoyante,
        Adam flottant, un et divers,
        Palpitaient sur ce mur, et l’être, et l’univers,
        Et le destin, fil noir que la tombe dévide.
        Parfois l’éclair faisait sur la paroi livide
        Luire des millions de faces tout à coup.

        Je voyais là ce
        Rien que nous appelons
        Tout ;
        Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages
        Des générations à vau-l’eau dans les âges ;
        Et devant mon regard se prolongeaient sans fin
        Les fléaux, les douleurs, l’ignorance, la faim,

        La superstition, la science, l’histoire.

        Comme à perte de vue une façade noire.

        Et ce mur, composé de tout ce qui croula.
        Se dressait, escarpé, triste, informe.
        Où cela ?
        Je ne sais.
        Dans un lieu quelconque des ténèbres.

        *

        Il n’est pas de brouillards, comme il n’est point d’algèbres ‘
        Qui résistent, au fond des nombres ou des deux, À la fixité calme et profonde des yeux ;
        Je regardais ce mur d’abord confus et vague,
        Où la forme semblait flotter comme une vague,

        Où tout semblait vapeur, vertige, illusion ;
        Et, sous mon œil pensif, l’étrange vision
        Devenait moins brumeuse et plus claire, à mesure
        Que ma prunelle était moins troublée et plus sûre.

        *

        Chaos d’êtres, montant du gouffre au firmament !
        Tous les monstres, chacun dans son compartiment ;

        Le siècle’ ingrat, le siècle affreux, le siècle immonde ;

        Brume et réalité ! nuée et mappemonde !

        Ce rêve était l’histoire ouverte à deux battants ;

        Tous les peuples ayant pour gradins tous les temps ;
        Tous les temples ayant tous les songes pour marches ;

        Ici les paladins ‘ et là les patriarches ;

        Dodone chuchotant tout bas avec
        Membre ;

        Et
        Thèbe, et
        Raphidim, et son rocher sacré

        Où, sur les juifs luttant pour la terre promise,
        Aaron et
        Hur levaient les deux mains de
        Moïse ;

        Le char de feu d’Amos parmi les ouragans ;

        Tous ces hommes, moitié princes, moitié brigands,

        Transformés par la fable avec grâce ou colère,

        Noyés dans les rayons du récit populaire,
        Archanges, demi-dieux, chasseurs d’hommes, héros

        Des
        Eddas, des
        Védas et des
        Romanceros ‘ ;

        Ceux dont la volonté se dresse fer de lance ;

        Ceux devant qui la terre et l’ombre font silence ;

        Saiill,
        David  » ; et
        Delphe, et la cave d’Endorl
        Dont on mouche la lampe avec des ciseaux d’or ;

        Nemrod parmi les morts ;
        Booz parmi les gerbes ;
        Des
        Tibères ‘ divins, constellés, grands, superbes, Étalant à
        Caprée, au forum, dans les camps,
        Des colliers que
        Tacites arrangeait en carcans ;

        La chaîne d’or du trône aboutissant au bagne.
        Ce vaste mur avait des versants de montagne. nuit ! rien ne manquait à l’apparition.
        Tout s’y trouvait, matière, esprit, fange et rayon ;
        Toutes les villes,
        Thèbe,
        Athènes, des étages

        De
        Romes sur des tas de
        Tyrs et de
        Carthages ;
        Tous les fleuves, l’Escaut, le
        Rhin, le
        Nil, l’Aar,
        Le
        Rubiconl disant à quiconque est césar : –
        Si vous êtes encor citoyens, vous ne l’êtes
        Que jusqu’ici. –
        Les monts se dressaient, noirs squelettes,

        Et sur ces monts erraient les nuages hideux,
        Ces fantômes traînant la lune au milieu d’eux.
        La muraille semblait par le vent remuée ;
        C’étaient des croisements de flamme et de nuée,
        Des jeux mystérieux de clartés, des renvois

        D’ombre d’un siècle à l’autre et du sceptre aux pavois,
        Où l’Inde finissait par être l’Allemagne »,


        Salomon avait pour reflet
        Charlemagne ‘ ;

        Tout le prodige humain, noir, vague, illimité ;

        La liberté brisant l’immuabilité ;
        L’Horeb aux flancs brûlés, le
        Pinde aux pentes vertes ;

        Hicétas précédant
        Newton, les découvertes

        Secouant leurs flambeaux jusqu’au fond de la mer,

        Jason sur le dromon*,
        Fulton sur le steamer’ ;

        La
        Marseillaise,
        Eschyle, et l’ange après le spectre ;
        Capanée  » est debout sur la porte d’Electre,,

        Bonaparte est debout sur le pont de
        Lodil ;

        Christ expire non loin de
        Néron
        M applaudi.

        Voilà l’affreux chemin du trône, ce pavage

        De meurtre, de fureur, de guerre, d’esclavage ;
        L’homme-troupeau ! cela hurle, cela commet

        Des crimes sur un morne et ténébreux sommet,

        Cela frappe, cela blasphème, cela souffre.

        Hélas ! et j’entendais sous mes pieds, dans le gouffre.
        Sangloter la misère aux gémissements sourds,

        Sombre bouche incurable et qui se plaint toujours.
        Et sur la vision lugubre, et sur moi-même ‘
        Que j’y voyais ainsi qu’au fond d’un miroir blême,
        La vie immense ouvrait ses difformes rameaux ;
        Je contemplais les fers, les voluptés, les maux,

        La mort, les avatars et les métempsycoses,
        Et dans l’obscur taillis des êtres et des choses
        Je regardais rôder, noir, riant, l’œil en feu,
        Satan, ce braconnier de la forêt de
        Dieu.

        *

        Quel titan avait peint cette chose inouïe ?
        Sur la paroi sans fond de l’ombre épanouie

        Qui donc avait sculpté ce rêve où j’étouffais ?

        Quel bras avait construit avec tous les forfaits,

        Tous les deuils, tous les pleurs, toutes les épouvantes,

        Ce vaste enchaînement de ténèbres vivantes ?
        Ce rêve, et j’en tremblais, c’était une action

        Ténébreuse entre l’homme et la création ;

        Des clameurs jaillissaient de dessous les pilastres ;

        Des bras sortant du mur montraient le poing aux astres ;

        La chair était
        Gomorrhe et l’âme était
        Sion ;
        Songe énorme ! c’était la confrontation

        De ce que nous étions avec ce que nous sommes ;

        Les bêtes s’y mêlaient, de droit divin, aux hommes,

        Comme dans un enfer ou dans un paradis ;
        Les crimes y rampaient, de leur ombre grandis ;
        Et même les laideurs n’étaient pas malséantes
        A la tragique horreur de ces fresques géantes.
        Et je revoyais là le vieux temps oublié.
        Je le sondais.
        Le mal au bien était lié
        Ainsi que la vertèbre est jointe à la vertèbre.

        Cette muraille, bloc d’obscurité funèbre,
        Montait dans l’infini vers un brumeux matin.
        Blanchissant par degrés sur l’horizon lointain,
        Cette vision sombre, abrégé noir du monde.
        Allait s’évanouir dans une aube profonde,

        Et, commencée en nuit, finissait en lueur.

        Le jour triste y semblait une pâle sueur ;
        Et cette silhouette informe était voilée
        D’un vague tournoiement de fumée étoilée.

        *

        Tandis que je songeais, l’œil fixé sur ce mur
        Semé d’âmes, couvert d’un mouvement obscur
        Et des gestes hagards d’un peuple de fantômes.
        Une rumeur se fit sous les ténébreux dômes.
        J’entendis deux fracas profonds, venant du ciel
        En sens contraire au fond du silence éternel ;
        Le firmament que nul ne peut ouvrir ni clore
        Eut l’air de s’écarter.

        *

        Du côté de l’aurore,
        L’esprit de l’Orestie, avec un fauve bruit.

        Passait ; en même temps, du côté de la nuit,
        Noir génie effaré fuyant dans une éclipse,
        Formidable ‘, venait l’immense
        Apocalypse ;
        Et leur double tonnerre à travers la vapeur, À ma droite, à ma gauche, approchait, et j’eus peur
        Comme si j’étais pris entre deux chars de l’ombre.

        Ils passèrent.
        Ce fut un ébranlement sombre.
        Et le premier esprit cria :
        Fatalité !

        Le second cria :
        Dieu !
        L’obscure éternité
        Répéta ces deux cris dans ses échos funèbres.

        Ce passage effrayant remua les ténèbres ;

        Au bruit qu’ils firent, tout chancela ; la paroi
        Pleine d’ombres, frémit ; tout s’y mêla ; le roi

        Mit la main à son casque et l’idole à sa mitre ;

        Toute la vision trembla comme une vitre,

        Et se rompit, tombant dans la nuit en morceaux ;

        Et quand les deux esprits, comme deux grands oiseaux,
        Eurent fui, dans la brume étrange de l’idée,

        La pâle vision reparut lézardée,

        Comme un temple en ruine aux gigantesques fûts,

        Laissant voir de l’abîme entre ses pans confus.

        Lorsque je la revis, après que les deux anges

        L’eurent brisée au choc de leurs ailes étranges,
        Ce n’était plus ce mur prodigieux ‘, complet,
        Où le destin avec l’infini s’accouplait,
        Où tous les temps groupés se rattachaient au nôtre,
        Où les siècles pouvaient s’interroger l’un l’autre

        Sans que pas un fît faute et manquât à l’appel ;
        Au lieu d’un continent, c’était un archipel ;
        Au lieu d’un univers, c’était un cimetière ;
        Par places se dressait quelque lugubre pierre,
        Quelque pilier debout, ne soutenant plus rien ;

        Tous les siècles tronqués gisaient ; plus de lien ;
        Chaque époque pendait démantelée ; aucune
        N’était sans déchirure et n’était sans lacune ;
        Et partout croupissaient sur le passé détruit
        Des stagnations d’ombre et des flaques de nuit.

        Ce n’était plus, parmi les brouillards où l’œil plonge,
        Que le débris difforme et chancelant d’un songe,
        Ayant le vague aspect d’un pont intermittent
        Qui tombe arche par arche et que le gouffre attend.
        Et de toute une flotte en détresse qui sombre ;

        Ressemblant à la phrase interrompue et sombre
        Que l’ouragan, ce bègue errant sur les sommets,
        Recommence toujours sans l’achever jamais.

        Seulement l’avenir continuait d’éclore
        Sur ces vestiges noirs qu’un pâle orient dore,
        Et se levait avec un air d’astre, au milieu

        D’un nuage où, sans voir de foudre, on sentait
        Dieu.

        De l’empreinte ‘ profonde et grave qu’a laissée
        Ce chaos de la vie à ma sombre pensée.
        De cette vision du mouvant genre humain,

        Ce livre, où près d’hier on entrevoit demain,
        Est sorti, reflétant de poème en poëme
        Toute cette clarté vertigineuse et blême ;
        Pendant que mon cerveau douloureux le couvait,
        La légende est parfois venue à mon chevet,

        Mystérieuse sœur de l’histoire sinistre ;

        Et toutes deux ont mis leur doigt sur ce registre.

        Et qu’est-ce maintenant que ce livre, traduit
        Du passé, du tombeau, du gouffre et de la nuit ?
        C’est la tradition tombée à la secousse
        Des révolutions que
        Dieu déchaîne et pousse ;
        Ce qui demeure après que la terre a tremblé ;

        Décombre où l’avenir, vague aurore, est mêlé ;

        C’est la construction des hommes, la masure

        Des siècles, qu’emplit l’ombre et que l’idée azuré ‘,

        L’affreux charnier-palais en ruine, habité
        Par la mort et bâti par la fatalité,
        Où se posent pourtant parfois, quand elles l’osent,
        De la façon dont l’aile et le rayon se posent,
        La liberté, lumière, et l’espérance, oiseau ;

        C’est l’incommensurable et tragique monceau,
        Où glissent, dans la brèche horrible, les vipères
        Et les dragons, avant de rentrer aux repaires,
        Et la nuée avant de remonter au ciel ;
        Ce livre, c’est le reste effrayant de
        Babel ;

        C’est la lugubre
        Tour des
        Choses, l’édifice

        Du bien, du mal, des pleurs, du deuil, du sacrifice,
        Fier jadis, dominant les lointains horizons,
        Aujourd’hui n’ayant plus que de hideux tronçons, Épars, couchés, perdus dans l’obscure vallée ;

        C’est l’épopée humaine, âpre, immense, – écroulée.

        Victor Hugo

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  2. Bonjour Barbarasoleil. Bien que je ne comprenne pas le français ou que je l’ai beaucoup étudié, je traduis vos publications avec une aide qui vous permet de comprendre ce que vous écrivez dans la mesure du possible. Je les aime habituellement et je l’indique quand je peux passer du temps à chercher la traduction. J’ai changé mon site de blog. Je quitte ma nouvelle adresse, même si c’est la même chose que j’ai été ou j’ai essayé. Je continue à vous suivre. Recevez des salutations chaleureuses de votre partisan, Felipe. Mon nouveau site de blog (adresse): http://ayblogmiodemivida.home.blog

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