Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd’hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Louis Aragon
QUAND JE DÉVORE… LA POÉSIE
Moi, je l’adore la poésie…
J’en ai trouvé un plat parfait
A point, cramée, en sonnet
Même dans ce jus à l’Ironie
Distique, quatrains, ah, cette envie…
En verses cherchés, et même en prose !
Pourvu qu’il y ait une once, une quille
Sur mes papilles son goût explose
Je suis addict, quelle maladie !
Matin, midi, parfois le soir
Je prends ma dose de poésie
Hélas, je perds…le Grand Journal
Moi j’aime surtout la Poésie
Quand elle s’accroche à une Idée
Tournant autour, derviche, toupie
A te donner le tourniquet
Je l’aime bien même jeune, timide
Ou trop fragile, autrefois
Elle s’enveloppe des vers candides
Sans trop y dire, tout ce qu’elle Voit…
Parfois le rythme suffit, quelle transe
Ne rien dire – c’est du grand Art…
C’est beau, sublime, parfait, immense
Ca fait bum-bum, dans l’haut parloir
Ô, que j’aime bien cette Poésie
Quand elle y vit, là, dans les coeurs
Belle Silence, Symphonie
C’est son plus beau pays, d’ailleurs
Et je l’aime Vraie, Ô, Poésie !
Mais est qu’elle m’aime ? Va savoir…
Est-ce que cette Larme, qui s’écrie
Sur mon visage, chaque soir ?
Une Fée sublime, tragédie :
Belle cachottière, elle nous fuit
Ô transe, rêve, extase, folie !
Frôlant la porte du Paradis
Sacrée tonnerre d’une tempête
Murmure de l’herbe en été
Ô, mes Amis, restez Poètes…
Soyez le Tout dans une Idée
Soyez le rien, où le plus humble
Un jour il y a perdu le pas
Soyez le Roi et le plus simple
Et Ô, Courage ( !) dans son Grand Temple
Prenez vos âmes, dans vos bras…
Jacques Aadlov – Devers
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j’ai pris mon âme dans les bras…
elle était contente…
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comme des couleurs pour y rêver
pour y danser dessus
après une tiède d’automne…
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