
KIKI-LA-DOUCETTE : Elle n’aime point l’inconnu, et ne chérit sans trouble que ce lieu ancien, retiré, ce seuil usé par ses pas enfantins, ce parc triste dont son coeur connaît tous les aspects. Tu la crois assise là, près de nous ? Elle est assise en même temps sur la roche tiède, au revers de la combe et aussi sur la branche odorante et basse du pin argenté… Tu crois qu’elle dort ? Elle cueille en ce moment, au potager, la fraise blanche qui sent la fourmi écrasée. Elle respire sous la tonnelle de roses l’odeur orientale et comestible de mille roses vineuses, mûres en un seul jour de soleil. Ainsi immobile et les yeux clos, elle habite chaque pelouse, chaque arbre, chaque fleur, elle se penche à la fois, fantôme bleu comme l’air, à toutes les fenêtres de sa maison chevelue de vigne…
Son esprit court comme un sang subtil le long des veines de toutes les feuilles, se caresse au velours des géraniums, à la cerise vernie, et s’enroule à la couleuvre poudrée de poussière, au creux du sentier jaune…
C’est pourquoi tu la vois si sage et les yeux clos, car ses mains pendantes, qui semblent vides, possèdent et égrènent tout les instants d’or de ce beau jour lent et pur.
La mèche frontale courbée comme un liseron en ascension donne au regard le privilege d’aller seul où l’amour fait semblant de dormir…
N-L
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Retrouver Colette, esperluette, brillante plume inspirante, un bonheur, permis ici
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je crois que je ne la perds jamais…
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Cette intensité légère, intense légèreté c’est ainsi lue lumineuse qu’elle se retrouve ici où vous en faites, tu en fais un terreau fertile
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Elle est vivante
merci à toi
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