
Sido et le merle du jardin [Sido]
Je l’ai vue suspendre, dans un cerisier, un épouvantail à effrayer les merles, car l’Ouest, notre voisin, enrhumé et doux, secoué d’éternuements en série, ne manquait pas de déguiser ses cerisiers en vieux chemineaux et coiffait ses groseilliers de gibus poilus. Peu de jours après, je trouvais ma mère sous l’arbre, passionnément immobile, la tête à la rencontre du ciel d’où elle bannissait les religions humaines…
– Chut !… Regarde…
Un merle noir, oxydé de vert et de violet, piquait les cerises, buvait le jus, déchiquetait la chair rosée…
– Qu’il est beau !… chuchotait ma mère. Et tu vois comme il se sert de sa patte? Et tu vois les mouvements de sa tête et cette arrogance? Et ce tour de bec pour vider le noyau? Et remarque bien qu’il n’attrape que les plus mûres…
– Mais, maman, l’épouvantail…
– Chut !.. L’épouvantail ne le gêne pas…
– Mais, maman, les cerises !..
Ma mère ramena sur la terre ses yeux couleur de pluie:
– Les cerises ?.. Ah ! oui, les cerises…
[…] Le merle était parti, gavé, et l’épouvantail hochait au vent son gibus vide.
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j’aime cette contemplation si précise de la nature
émerveillement
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Une des plus grande poète de la nature…
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Il n’y a pas plus beau que les descriptions de Colette qui font appel à tous nos sens…
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suis bien d’accord…
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