Et si les sapins ne chantaient plus / Poème pour Julien

Poème pour Julien

et si les sapins ne chantaient plus

trop flattés par un violon énervé de solitude

il serait temps de nous plaindre doucement

enroulés sur notre présence en creux

grignotés par un grand cri muet

parce que la mer chargée de hauteur inversée

nous dit toujours l’indécence de ce qui s’en va roulé

sans jamais revenir

le jouir

le corps avec un vrai coeur dedans

et les mains qu’on baisa avec ferveur

droit dans les yeux avant de les laisser partir

en attendant croquons le pain chaud des veines

au goût d’éternité fendu comme un sourire

les oiseaux échangent leurs routes célestes à notre insu

jouent à des jeux défendus comme dans l’enfance

et le soleil s’amuse avec les serrures de nos portes

d’incertitude

que l’on ne sait ouvrir que par temps clair

 

Barbara Auzou.