
Navire d’un été,
Et toi comme à la proue, comme le temps s’achève,
Dépliant des étoffes peintes, parlant bas.
Dans ce rêve de mai
L’éternité montait parmi les fruits de l’arbre
Et je t’offrais le fruit qui illimite l’arbre
Sans angoisse ni mort, d’un monde partagé.
Vaguent au loin les morts au désert de l’écume,
Il n’est plus de désert puisque tout est en nous
Et il n’est plus de mort puisque mes lèvres touchent
L’eau d’une ressemblance éparse sur la mer.
Ô suffisance de l’été, je t’avais pure
Comme l’eau qu’a changée l’étoile, comme un bruit
D’écume sous nos pas d’où la blancheur du sable
Remonte pour bénir nos corps inéclairés.
(extrait de « Pierre écrite », 1965)