Démourir encore

pourquoi voudriez-vous

qu’on se lasse du plus grand amour qui soit

puisque rien n’empêche l’oiseau ni l’image

ni le vent qui nous invente

ni l’orange dans le sang et la sève qui sera

nous sommes âmes simples

sabliers sans mourir et sans âge

nous mettons la grâce dans le geste

d’un cercle à l’autre

en appelant à ce qui reste

d’élégant dans ce vivre pour rien

qui ne demande qu’à danser

et moi je suis cette enfant étrange

prise dans les plis et le tremblé du temps

le visage si proche d’une absence que je revêts

pour aller dans le monde

et sous vos lampes épuisées

n’est pas celui que je lui tends

quand vient la grande nuit claire

 

Barbara Auzou