
dors -nos songes ont pris
leur norme d’éternité
dans les herbes hautes
Barbara Auzou
dors -nos songes ont pris
leur norme d’éternité
dans les herbes hautes
Barbara Auzou
Photo Julie
je te regarde poser un bâillon sur la bouche du ciel
et reprendre à ton compte et dans tes mains son mensonge
dans le souci farouche de ton sommeil
mais la femme qui dort ne sait rien du vent
et sur chaque parcelle de son corps se lèvent de petits segments
précisément découpés sur l’éternel qui songe déjà au lendemain
Barbara Auzou
je cherche ton visage
et c’est au mien qu’il se mêle
les lents moulins du temps
battent tous les ciels
pour nous surprendre au matin
d’oiseaux déchagrinés
et d’abeilles ébaubies
tantôt habitante tantôt habitée
l’âme conçue pour la marguerite
et ta joue tout près
j’applaudis la beauté
qui se donne avec raison au tremblé
de formes aimables
j’applaudis cet élargissement de l’être
venu se laver au soleil
d’une nudité sans rive
et si je n’ai pas toujours les mots
je suis quitte
d’un beau boisseau de vie
poussé sur une fleur perméable
je te laisserai
juste avant la cristallisation du miel
ce toucher frêle d’un infini
qui vient parfois posséder mon effroyable
cécité
pour me mettre dans la bouche
tous les silences pour te dire
Barbara Auzou
Gardienne de la terre / Une aquarelle de Francine Hamelin .
Et Francine Hamelin c’est ici
elle a chanté trois fois
cette voix émue du seuil
avare de son logis
il est trop tôt ou trop tard
pour l’espoir qui s’attache
à la bête craintive de mon pas
et partout la suit
je serre son texte tendre
soudain couvert de feuilles
et pour le pré d’une seule province
je m’allonge dans son lit
je creuse le sillon mince
de sa bouche où grandit
le calme des plantes
où s’épouse la douce furie des lendemains
ô oui je serai la gardienne
de tout ce que l’on touche au plus profond
de tout ce que l’on vénère
j’ai dans mes mains des paniers d’hirondelles
un désir de vert capturé vivant
et chaque printemps est un prétexte
à un délié opiniâtre
chaque printemps est un prétexte
à la poursuite du chemin
si j’ai un seul soleil à l’aine
dans les cheveux un champ de blé roux
qui s’étire comme le font parfois les oiseaux
sur les margelles
c’est que je reste cette enfant plus loin
prise malgré-moi dans les vertiges de la division
et le si beau souci de durer
quand partout dans le monde pèse la menace
et s’effacent un à un les arbres
Barbara Auzou
Dragué fut le regard hors de cette nuit.
Immobilisées et séchées les mains.
On a réconcilié la fièvre.
On a dit au coeur
D’être le cceur.
Il y avait un démon dans ces veines
Qui s’est enfui en criant.
II y avait dans la bouche une voix morne sanglante
Qui a été lavée et rappelée.
les saisons annelées en une seule chaîne ont déversé tout leur or en une seule nuit
je t’écris
la lumière ce matin aragne doucement et de biais le cœur de chaque fleur et j’arrose mon souffle ténu de ce trou d’air entre les choses comme un fantasme d’été que je peigne dans le sens du poil
j’aime l’orgueilleux jardin de juin qui croit en sa bonne étoile
j’y exerce mon droit d’admiration en toute conscience lui taisant la brûlure que juillet va lui infliger
alors j’engrange des oiseaux
je capitalise les roses naissantes tandis que mille soleils déjà se lancent à leur poursuite comme autant de guêpes mûres
et je repeins de ma peau la mémoire assiégée de mers pour qu’elles se bercent mutuellement de leurs chansons d’eaux
comme je te l’ai dit à l’école ce n’est pas un mois de tout repos
on ressort en grande hâte les cache-pots pour colmater tout ce qui est ébréché en faisant semblant de croire encore que le pansement fait la santé
et que le pied blessé rejoindra malgré-tout la foulée des conquérants
je suis de jury des oraux de brevet ce vendredi
et je ferai preuve de cette bienveillance tellement obligée qu’elle en perd son naturel et devient l’aile blessée au milieu du chaos
je cultive ma lucidité aux abois dans ces buissons d’apparence assez pour traverser avec élégance ce cruel bourbier quoi qu’il en soit
je t’aime
pas la lisière d’un poème où tu ne sois
j’ouvre ma fenêtre ponctuelle sur ta chambre d’échos
car ce qui s’échappe de ta bouche n’est jamais un oiseau frivole
B
Je tiens ce nuage or et mauve au bout d’un jonc
L’ombrelle ou l’oiselle ou la fleur
La chevelure
Descend des cendres du soleil se décolore
Entre mes doigts
Le jour est gorge-de-pigeon
Vite un miroir Participé-je à ce mirage
Si le parasol change en paradis le sol
Jouons
À l’ange
À la mésange
Au passereau
Mais elles qui vaincraient les grêles et l’orage
Mes ailes oublieront les bras et les travaux
Plus léger que l’argent de l’air où je me love
Je file au ras des rêts et m’évade du rêve
La Nature se plie et sait ce que je vaux.
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution prochaine de Tout amour est épistolaire chez Z4 éditions.
Ce recueil regroupe les cinquante premières lettres publiées sur ce blog les dimanches matins.
Je remercie Daniel Ziv et j’en profite aussi pour vous recommander chez le même éditeur Excursions poétiques de Marie-Anne Bruch que je suis en train de lire.
Voir ici
Photo Julie
j’ai essayé la nuit et ses dentelles fanées
coincé ses seins sous mes genoux pour me l’approprier
goûté à ses refuges secrets
à ses amours mortes en captivité
ouvert aux poings ses yeux sur leurs trous
mais je reste toujours l’hirondelle du matin
échappée du store journalier vers un peu plus de bleu
Barbara Auzou
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