L'oreille du taureau à la fenêtre De la maison sauvage où le soleil blessé Un soleil intérieur de terre Tentures du réveil les parois de la chambre Ont vaincu le sommeil Paul Eluard
Dauphins, poulpes, poissons fraîcheur de lin, de roseaux, d’oliviers tremblement du jour dans une couleur joie d’une ligne qui bouge encore et je rêve à cette main entre milliards de mains, étonnée, heureuse – et je ne sais quoi, un pigment qui fait que l’âme respire, que voit la vie, ces choses qui viennent à mes doigts et mourront une fois encore –
À l’aube revenant Les amants se relèvent Descendent de leurs rêves Encore ruisselant
Chaque geste est urgent Puisque le jour se lève La tempête s’achève En murmures brûlants
À l’aube revenant Il s’étaient perdus dans l’obscurité profonde Là les étoiles se fondent Au jour apparaissan
tÀ leurs pas hésitants On sent la fin du monde Encore une seconde Encore un instant
À l’aube revenant
Le souffle qu’on entend C’est deux cœurs qui s’arrachent Une main se détache Et l’autre la reprend
Aux yeux l’égarement Des oiseaux qu’on relâche Et qui cherchent où se cachent Le piège qu’on leur tend
À l’aube revenant
Au moindre éloignement La vie qui les oblige Le vide, le vertige et faire semblant Ils se couvrent de serments Se jurent de poursuivre Leurs courses à un équilibre Sur les pierres des torrents
À l’aube revenant
Chacun séparément Continuera le rêve Le seul qui les soulève Et les garde vivants
C’est éternellement Qu’ils se croyaient soudés Et même l’éternité Pour eux c’est pas assez longtemps
À l’aube revenant
Ils étaient deux passants Dans l’anonyme foule Dans ce fleuve qui roule Dans la masse des gens
Ils se sont reconnus Un peu trop tard peut-être Mais c’est se reconnaître En vrai qu’est important
À l’aube revenant
Les amants se relèvent Descendent de leurs rêves Encore ruisselant