Impasse polychrome.
« première aquarelle abstraite » de Kandinsky.
De visites de courtoisie
en leçons de mieux-vivre
lancées à la face
d’un ciel mensonge,
les corps dé-constitués,
en procession et sur nos traces,
nous ont jetés sur les routes
d’un monde de lumières aveuglées
s’emparant de nos corps,
un peu ivres et alanguis
comme d’un os que l’on ronge
arrachant la moelle grise
du doux désespoir
pour imposer au soir
les uniformes couleurs,
sinistres fleurs qui travaillent
en secret
à l’extinction du soleil noir
dont on s’était épris
et qui s’éclipse bientôt
en souvenir d’épaule ronde.
Barbara Auzou.
Chemin de traverse…
Nous allions ensemble dans les bifurcations saisonnières qui se croisent
s’étreignent à peine au passage des angles de l’hiver
pour s’enlacer pleinement au rond-point du printemps;
sur des chemins, nous le savions, qui n’arrivent pas,
de connivence, garants d’un secret qui ne s’ébruite pas
tellement sages d’ignorance.
Parfois, au cours de la traversée, j’ai cru vous devancer
Alors que c’était encore moi qui vous suivais…
Barbara Auzou.
Haute-couture.
À ma fille,
Si les jours dépolis en oiseaux titubants
se gargarisent des traîtres marées
et coassent en débris de coquillages
à ton oreille agressée,
alors découds patiemment l’ourlet du ciel
pour agrandir ton espace et installe-toi
là, toute,
la jaune conscience étale
en traces de souffle
et en parfums de citrons
Barbara Auzou.
Espace du quotidien.
Doigts offensés au pli de la nappe
respectable
exécutant bientôt le contre-chant
inimitable
qui éloigne la tragédie du jour et fait danser
les mains
s’emparant de l’espace au service du
quotidien
oiseaux de porcelaine dorés un peu ébréchés en souvenir
de la dernière écharde
rien ne demeure plus étranger à qui vous regarde.
Barbara Auzou.
En blessures de feuilles.
En proie à la fièvre et isolé de la meute,
le mot farouche, mordu à la bouche
a semblé montrer aux bois inclinés
quelque signe de connivence
et l’arc du silence, au supplice,
a glissé sombre et taciturne
puisant en la salive répandue
la source salutaire, l’horizon d’orgueil
mesurant , bon prince, l’impact de la flèche
et l’infinie étendue d’avoir à nommer
pour toujours établie en forêt solitaire
en blessures de feuilles.
Barbara Auzou.
Utiles.
Silhouettes en marche. (Jeannette Allary.)
Où vont les ombres qui se maintiennent
à l’orée du sens
et qui détiennent ce qui nous manque?
Elles vont rares et nombreuses
se touchant à peine
sans route
sans rêve
sans trêve
dans la perspective mouvante
par elles tracée
interrogeant le fourré
et continuant à nourrir
au bec
l’enthousiasme qui exige du poème
une distance
sans voile.
Barbara Auzou.
Matinales.
Ils ont un visage de matin
qui accorderait un peu contraint
un assentiment tremblant à l’horizon
déshabillé.
Et toujours le contour incertain
comme égaré un temps dans l’intervalle
du voyage intime et de l’universalité.
Présences sans tain et infirmes
bientôt cahotées entre
le perdu et le promis
le fauteuil et la vitre du train.
Sous les sombres bonnets en laine
de nuit
défilent les parcelles de blé et de lin
vertige à la rétine éprouvée
qui croit voir
et ne se sait pas regardée.
Barbara Auzou.
Terrain de l’enfance.
Blessée au dire
Sur le terrain lourd de l’enfance
j’ai semé des signaux incompris
comme on soupire
comme on fouille
comme on danse
comme on épure
cruel bourbier à la gorge
sage
de l’enfant qui ne renonce pas
aux images.
Elles collent aujourd’hui
en contours contrariés
Aux bottes du message
qui pressure.
Barbara Auzou
L’ongle du sommeil…
Quand l’ongle du sommeil accuse la chair,
l’intention, rendue à l’air, s’endort sur le côté
gauche
et la nuit, bonne copine, inlassablement
fauche
ce qu’elle doit voler au jour
pour faire le lit de l’hiver
en couvertures de saison.
Bonne joueuse, elle s’éclipse à l’aurore
et dans la crinière de sa course rieuse
quelques noix dansent
encore.
Barbara Auzou
Matin.
Chaque matin, à genoux dans la cerne du jour,
nous sellons le cheval fourbu de nos corps
et nous le lançons sur le chemin
si complice du fait
qu’il l’en épouse.
Barbara Auzou
Impermanence.
Dessin de Franck Saïssi.
À regarder l’arbre
Nous avons compris
Qu’il y avait du précaire dans nos saisons
et dans nos mains facilement oublieuses
de leurs défaites.
Nous avons admis
que ces mains équivoques
bénissent le mariage
de l’impermanence et du temps
la lumineuse fragilité pour témoin
et qu’elles tricotent enfin
de la pelote du vivre
le lit de laine chaude
où allonger nos peurs
Barbara Auzou
Papier Mâché.
Moite de résolutions qu’elle ne sait tenir
mais disposée au sommeil
la nuit en son lit et en chemise de veille
subit les assauts funestes des insomnies cachées
et des leurres manifestes
réclamant tour à tour leur dû
et en nage
s’enroulant autour du drap rabattu
attaquant la bouche lestée
en commissures de rage.
Repus aux premières clartés
et pour longtemps médusés
Ils lui arrachent un chant d’amour
pour l’aube
et sa gueule de papier mâché
Barbara Auzou.

Préférence.
Véronique Boulanger. Rhinocéros -échassier ( hommage à Dali.) 2008.
Si j’eus une préférence
ce fut pour les silencieux
aux corps affublés
de légendes
interdites par les mots
par les mains;
les illisibles sur la page
qui me maintenaient
en marge de la lettre
mais s’offraient au pillage;
les fermés à tout vent
qui n’avaient plus l’âge
des grands imagiers
pour apprendre
le monde;
les solitaires échassiers
qui m ‘abandonnèrent
dans la stupéfaction
ronde
d’avoir choisi
et la singulière odeur
de terre humide
qui l’accompagne.
Barbara Auzou
Fauché à la césure…
Henri Michaux, Peinture à l’encre de Chine n°2, 1959,
Dans les débris de vers
rompus
fauchés
à la césure
et qui succombent,
dire de moins en moins
devint l’arme
paradoxale.
Et si d’aventure,
il y avait encore lieu
d’écrire
Il faudrait au crime
asservir
la certitude gutturale
et son étendue
chargée d’ombre.
Qu’enfin elle plie
un genou pâle
devant le silence
qui irradie.
Barbara Auzou
Obligeance.
Peinture: « El viaje impossible ». Alex Claude.1987.
À la bouche
affrétée en préparatifs
grotesques
nous tairons la destination
du mot
et sa nuit étoilée
d’ignorance.
Mais riche
de son seul viatique
nous craignons
qu’il ne puisse
achever la traversée.
Barbara Auzou
Exérèse…
Coiffés de fierté lisse
ils ignorent la colonne d’angoisse
et son tressage minutieux
échappé du seul cri fugace,
les passeurs de l’ordinaire
les chirurgiens du sérieux.
Ils ignorent le râle de la voix
suspendu aux pulsions
du ciseleur.
S’ils savaient,
ils auraient peur
les mille coudes immondes
luisant de rouge légitimité.
Demeure pour toi, fillette
le raphia emmêlé de la tignasse
et la plaie froide
d’être au monde
que tu peignes au mieux.
Barbara Auzou
Dans le lit du hors-texte.
Comme on ment
déjà travaille
la peur d’oublier
ce qu’on a cessé
d’attendre.
Il n’y a plus qu’à
s’endormir
soustrait à l’orage
dans l’écrasement
des pluies
qui ravine
la syntaxe
prépare le lit
du hors-texte
et du blanc
sur la page.
Barbara Auzou
Consumato.
Consommé.
C’est qu ‘il fallait jouir
vêtus de notre seule
impatience
à balayer de rires
comme en transe
le spectre des mille envies
sa gueule béante
qui éloignerait la peur
lancinante de mourir
C’est qu’il fallait éloigner
mille bouches de cellophane
aux bras ligotés
qui psalmodiaient
métal aux oreilles tendres
la joie de posséder
et du tout-à-vendre
Il faut aujourd’hui
enterrer le leurre
du bonheur à tout prix
et tendre
aux désirs de désir
nos mains non-consentantes
Barbara Auzou
Marcheur solitaire.
Ayant délaissé
son cheval de peine
Rabattu la fumée
sur la parole défaite
il était un jour parti
lui et l’ ombre
qu’il s’était choisie
Sans réveiller le chien
qui dort
ni le rêve déposé
au pied du lit
Et il assiégeait de son pas
lent
Un silence consentant
méditant sur l’écart
et la ronce
le chant
et l’ortie
Barbara Auzou
Paupières de sel.
Visage Fem Rêve by Georges Audigier
Longtemps
je me suis flattée
de lire sur les visages
la vie que le doute
effleurait
et la muette éloquence
accrochée aux paupières
de sel.
Je croyais y saisir
les territoires excessifs
et du jour les secrètes
alliances.
C’était avant que la bouche
de l’ignorance ne dessinât
le contour fidèle
et ne m’abandonnât
seule
et au seuil du mot
avec brosses et pinceaux
dans mon réel
Barbara Auzou
Extension de l’habitat.
Toujours,
l’absence a la sagesse folle de ne pas condamner les murs autour du vide
et de s’éloigner de la brûlure du foyer après avoir fait feu
de tout bois.
Toujours,
l’absence hébergée de pièce en pièce finit par se sentir à l’étroit dans la collusion domestique
et interroge l’espace trop longtemps laissé en friche.
Toujours,
l’absence infidèle à ses emplâtres , marche après marche, et comme mise en demeure,
se fait architecte de l’extension de l’habitat.
Barbara Auzou
Blanches mains.
Théodore Géricault/ étude de bras et de mains…
Les mésanges des mains s’échappent en salutations
bucoliques
ouvrant le passage au duvet de l’ortie
qui déchire la paume ravie
et le velours du matin.
Ces tueuses aux veines bleues insuffisamment parées
étranglent dans l’étreinte moite
le passereau de peu de mots et son chant
mélancolique
pauvre anneau de pacotille
qu’elles convoitent jusqu’à l’envie
et dont elles trouvent immédiatement
à s’orner.
Barbara Auzou
Ronds dans l’air.
Ils auraient tant aimé
Que tout fût dit écrit
sur l’horizon tracé
les charognards que le jour inquiète
figés dans la rectitude du temps
qui rient du vent
interrompant le vol
de l’alouette
Mais l’aile aveugle
bat
même engourdie
et persévère
esquisses circulaires
au péril de la friabilité
du mot
et de l’éraflure d’encre
et malgré la penne
abîmée
elle féconde comme en absence
le nid
la peau la chair
la plume la fièvre le sang
d’un mur à l’autre
devant des remparts transparents
n’importe où tapant
se cognant comme on s’élève
à l’inaliénable liberté
du vivant
Barbara Auzou
Absence.
À s’être maintenu pantelant
à la lisière du soupçon
il avait renoncé
couché finalement
son attente verte
trop lourde de temps
auprès de la saison blanche
et son immobilité
inquiète
c’est à peine si les bras
dessinaient encore
dans le doute froid
l’ouverture laissée
à l’étreinte de givre
Nul n’entendait
la scie du cri muet
glace à la gencive
agacée
racine toujours vive
que tapait le marteau
sur l’arbre
en mal d’oiseaux
Barbara auzou
Mythologies intimes.
Ce que l’on croit perdu
concassé dans l’abîme
est gagné sur la présence
crue
des mythologies intimes
Il faudra qu’une à une
s’éteignent
Les trop hâtives lumières
que l’éboulement mijote
à notre insu son règne
entraînant sur le chemin
pentu
la brûlure sombre
et le bouillon
qui ronge les lèvres
pour voir se dresser
le tendre lendemain
sa stupeur d’exister
à la face
émue
et ses fleurs en nombre
écloses au fond du ravin
Barbara Auzou
Orgueil du matinal
Un songe froid
perle à la paupière
froissée
du matin hirsute
étale son édredon
d’orgueil
sur l’aube en peignoir
de givre
qui lime l’ongle
court
Barbara Auzou
Mariage arrangé…
À la recherche du sens
et au détour de l’âge
faudra t-il célébrer
les noces arrangées
du signifiant et du signifié
Au milieu de la ride
profonde
d’une ruelle habitée
de silence?
Barbara Auzou
Les évidences douces…
Tu n’avais pas vu
dans l’absence des regards
ce qu’il en était du monde
le goût d’épouvante
de ses saisons orange
ni les plis au front
arracher le sens caché
à ce qui était simple
comme des épines lancées
contre les choses
Aujourd’hui
à genoux
tu rassembles
les évidences douces
Va,
Elles te feront bien
un lit de feuilles
et tu t’accrocheras
à la parole nue
comme la grappe rouge
sur le lentisque
Barbara Auzou
Songe sylvestre…
Tandis qu’au loin
des bouches pleines
de terre
construisaient le berceau
du livre
je cherchais
comme on erre
par défaut
un peu ivre
et sans illusion
la page blanche
au creux du buisson
à la hanche
pleine et déliée
le fagot des mots
et sur l’insolente fougère
la grâce de l’élision
qui tronçonnerait
la ligne tremblée
comme on opère
Barbara Auzou
A géométrie variable…
J’ai abandonné l’enfant
muet d’émerveillement
Sous le vieux chêne
trop occupé
à chanter en rive
dans son trop-plein de ciel
J’ai laissé l’enfant
à la liberté de l’ortie
à peine si je me suis
retournée
pour le voir se heurter
au maître de la nuit
et tomber le masque lourd
de paupières blondes
Alors j’ai dit oui
au cordeau du chemin
et désormais verticale
j’ai déclaré
Que je pouvais
habiter cet ici
à géométrie variable
Barbara Auzou
Jeux d’enfants.
Quel songe avare
s’est fiché
dans l’échancrure
du jeu
sans laisser
de pelures
ou si peu
Rituels cruels
araignées
aux chevelures
battements d’ailes
et tirs-aux-pigeons
Gravir l’échelle
avec le sérieux
élégant et rond
tout entier
dans les jambes
frêles
le rire au poplité
Sèche désormais
la plaie au genou
évaporée
la salive mentholée
au dernier barreau
savamment sciées
l’attache des mains
et l’épaule tendue
Sombres
nous n’avons pas vu
que l’échelle
ne craint en vérité
rien tant que son ombre
et les vieilles pages
dessinées
Barbara Auzou
Habiter le silence…
C’est qu’à vouloir
habiter le silence
de la pierre
adopter la patience
des veilleurs d’aube
nous avons épousé
l’ombre
avec la seule hâte
de nos sourires
Demain
qu’aurons-nous
à offrir
au front fiévreux
de la nuit
qui ne déçoive
son attente
sinon
l’ordre de la maison
le chat mort
et le livre pour vieillir?
Barbara Auzou
Eprise d’un trop fier silence…
Éprise
d’un trop fier silence
il aura fallu ignorer
les mots de peu de poids
qui cousent le jour
en ourlets grossiers
Et du bavardage
les lances
Elles s’évertuent
À assiéger
le repos de soie
qui seul
m’agrée
Tout crie haut
Les plaintes de la rosée
éclatent dans les bouches
déformées
et le rouleau des mots
s’écrase sur la crête
à la face hilare
des nuages
sans même accoucher
de tempêtes
Déjà
je sens sourdre
l’orage mort-né
d’un grand désarroi
Cependant que je me tais
Barbara Auzou
Inventaire.
Quand vous aurez emporté
les images floues
et leurs griffures
d’aigrette
les voix tues
confinées
dans l’enclos
le passage du souffle
le murmure du platane
et la satisfaction vaniteuse
du lilas
le matin surpris
croisant le soir
en avance
Vous n’oublierez pas
l’asile du lit
et puis la bibliothèque
à la charpente jaunie
le fond qui pleure
la forme qui rit
l’ossature de papier
le palimpseste des années
prisonnier
à l’orée du bois
et la fièvre retombée
des cruels dimanches
qui réclamaient
une rançon
Alors
il restera
un logis vide
où inviter
le mot
Barbara Auzou
Gueule d’hiver.
Ignorer la saison
de suie
et sa gueule d’hiver
définitif
ignorer la silhouette
incongrue
du vieil archiviste
occupé à dépecer
un ciel lesté
d’inventaires
à la lumière
d’un grand bougeoir
Ignorer les globes
de verre poli
écrins lapidaires
des secrets
mal tenus
Offrir un dos rond
Offrir son dos nu
au temps rétif
Puis y surseoir
Barbara auzou
Clefs d’octobre.
En convenir
L’été seul détient
sa part de légende
son petit morceau
de virtuosité
crinière de blé
bien étrillée
par les merles
à notre service
Ils ont remis les clefs
de la maison d’octobre
les voraces valets
Plus rien à nettoyer
Aujourd’hui ils reposent
ivres
et satisfaits
sur leur stèle
Et déjà nos corps
refroidis
s’éloignent
en ombres d’ardoise
Barbara Auzou.
A hauteur d’homme…
Et celui-là encore
Dans son quant-à-soi
Silencieux et rond
Qui fait fuir la pie
Je l’ai connu
Je le connais
Mai éclot à son verbe tu
Sourdine
Et rosée sèche
Différence
Qui répugne à l’aisance
À la trame facile
Du sens avoué
Et de la saison attendue
Incartade impardonnable
À peine pardonnée
Davantage à hauteur du fait
Qu’à la hauteur des circonstances
Il invoquait le Printemps
Au plein coeur de l’été
Pour rendre le monde
Un peu plus habitable
Malgré-tout
Barbara Auzou
Voce mea
Et quand bien-même
le fil désaccordé de ma voix
Caresse davantage la plainte
que le message
Méconnaît
les cimes haut perchées
de la vacuité du mot
perles en toc
écloses au gosier
Elle sourd
Racine
et fleur de rocaille
en vibrations souterraines
Se tient loin
du flot aigu
du bavardage
Déraille à peine
sur l’horizon du sens
Cri muet
trop tôt avisé
de la blessure sèche
d’avoir à nommer
Barbara Auzou
Billet des Corbières 39: Cri…
Sculpture de Jean Dupas, d’après l’orme de La Caunette…(village frontalier de Minerve..)
L’arbre a revêtu l’immobilité de la pierre
sous le joug du feu négligé
et de ses signaux incompris
seule reste la souche pétrifiée
elle exhibe sa dépouille friable
aux passants déracinés
qui tanguent en tas flottants
imperméables à la brûlure
et au silence qui étouffe le cri
mais attendant encore médusés
l’improbable retour de la feuille
et l’ultime présence de l’oiseau
Barbara Auzou
Billet des Corbières 32: Présence tutélaire
J’ en ai vu qui comme toi
accrochaient imprudemment
leur insolente jeunesse
à la cime brutale des roches
dis, à quoi penses-tu?
dis-moi à quoi tu me fermes les portes
Quel pacte dangereux
as – tu noué avec le vent
qui grillage ton visage de cheveux?
J’en ai vu qui savaient de toute éternité
que l’horizon s’incline sur leur passage
et vient les prendre par la main
ceux-là ne s’étonnaient même plus
de l’odeur d’aïl sauvage
déposée sur leur peau
Barbara Auzou
Billet des corbières 16: Le vent fou
N’ouvre pas la fenêtre
le verbe craint l’espace trop grand
que le temps ne contient plus
la poussière cicatrise mal
l’horizon déchiré par la pierre
Observe de loin les rides du ciel
Elles tracent un chemin
Qui ne mène nul part
et se perd sans le savoir
dans les plis du drap propre
Trop intimement battu
par le vent fou
Barbara Auzou
Billet des Corbières 13: C’est seulement maintenant que l’heure sanguine abdique…
C’est seulement maintenant que l’heure sanguine abdique
entraînant sous sa jupe humide l’odeur lourde
des menthes écrasées d’insectes
que le vent sournois balayait encore tout à l’heure
et la terre qui s’était rêvée sable redevient terre
pour le marcheur emprunté rêvant de garrigues
sous les sarcasmes de la pierre froide statue
chimère de son invariable désir de s’ancrer là
C’est dans un fracas de mots perdus
que l’heure sanguine se disloque
étalant un baume de silence inquiétant
sur les morsures du sel et du vent
promesse rauque d’un lendemain de chaleur
où la vipère attend
Barbara Auzou
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