Le solaire qu’on mérite

je n’aime pas ce qui brille

j’ai manie des fleurs

et j’élève des fous dans mon coeur

qui secouent leurs longs cheveux

pour me dire bonsoir

toujours j’en reviens aux choses lentes

aux peupliers peints de bleu

à tes mains patientes

et au sourire narquois des fougères

qui savent de toute éternité

ce que l’homme en soi néglige

j’ai trop frôlé d’êtres pressés aux yeux de nuit

qui ne savaient plus quoi faire de leur ombre

et de leurs mots lancés à mi-voix

sous un ciel sans écho

qui posaient droits déjà et sans le savoir

dans le futur album de famille

aux couleurs indulgentes

au récit fabriqué

et ils faisaient tinter la menue monnaie

d’une vie qu’ils n’avaient pas encore dépensée

une vie méchante qu’il faudrait cacher

derrière les paravents forcenés

d’un vert qui se voulait tendre

regarde-moi

je suis toute petite

mais je peux encore te surprendre

et te donner avec le silence retrouvé

le solaire qu’on mérite

et tous les myosotis qui rient dedans

 

Barbara Auzou

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