Parution de Je suis l’envol / sculptures de Francine Hamelin & poèmes de Barbara Auzou aux Editions Ubik Art.

Il s’est fait attendre, mais il est là et c’est un beau cadeau d’anniversaire! Après L’Envolée mandarine voici donc Je suis l’envol.

C’est ici

https://ubik-art-editions.fr/produit/je-suis-l-envol/

Un grand merci à Jean-Claude Rivière pour sa confiance mais aussi pour les choix esthétiques qui sont les siens.

Un grand merci à Nicole Hardouin, notre talentueuse préfacière.

Un grand merci à toi Francine pour ce chemin que nous faisons ensemble.

C’est un très beau livre de 106 pages entièrement en quadri avec un intérieur bouffant 80g et son prix reste très abordable, 16,90 €.

Vous pouvez en feuilleter une partie sur le site d’Ubik art en cliquant sur la couverture et bien sûr le précommander au prix de 14 € jusqu’au 03 juin!

Pour rappel voici une petite vidéo de présentation.

L’encre douce

parce que je t’aime

un matin serrant ta main

et la bleue durée

que je sens trembler dedans

tenant aussi le bagage très léger de nos rires

l’écrit respiré de nos yeux

la sensation du jour dans les doigts

ce mouvement de l’âme incapable d’imiter la joie

et l’énorme pays de nos vies brûlées

entre oreillers blancs et calculs de système

j’irai doucement refermer ce beau délit d’être

sur ses secrets ses soupirs

sur ses serments d’enfance

ses folles fenêtres

et je le confierai à ce ciel d’encre changeant

car s’il ne laisse que quelques plumes

dans la chair des heures

il garde longtemps en balance

notre désir d’envol vivant

avant de le résorber en jeu

définitivement

 

Barbara Auzou

Les îles songeuses / Une œuvre de Francine Hamelin accompagnée de mon poème

Les îles songeuses / Une œuvre de Francine Hamelin

Et Francine Hamelin c’est ici

pour oublier la grande blessure

dessous l’armure*

et les langues dures qui flamboient

j’irai vérifier la vérité du rêve

le pourboire discret de son bruissement

j’irai par le vent mandataire 

avec mes doigts

fouiller la mémoire de l’élémentaire

danser avec les marées

je soulèverai leur chevelure de sons

jusqu’à la douceur folle de leur implosion

et ce sera un drap tiré sur son lit d’eaux

dont nul ne sait ni le commencement 

ni la fin

on y volera sans témoin

de nos longs bras sans charnières

nous nous ferons grand corps de mer

qui se fend dans le ciel pur

d’un ordre différent

bien loin du prétexte des boussoles 

et des lieux communs

entassés là depuis longtemps

avec le parfum aveugle de leurs obsessions

alors nous pourrons coucher notre commerce simple

dans le muscle blanc de son chant

et nous tirerons à nous la tendre écriture

venue lécher nos îles patientes

et le velours chaud de la durée

de quelques étoiles résistantes

Barbara Auzou

*Félix Leclerc / Le tour de l’île

Inventaire des résistances VI

j’en conçois une gratitude

lisse comme le bois chaud des lendemains

c’est peu

c’est rien

et je ne sais plus si j’ai le droit de dire

que j’en suis heureuse

(Inventaires des résistances V)

 

tu vois je n’en ai pas fini

avec mon amoureuse démarche d’adoption

la fable des fleurs s’est bâtie

sur des chants bien antérieurs

et qui vont bien au-delà de nos vies

seul l’oracle reste au fond

j’ouvre les fenêtres

je reprends des mots proches de la respiration

et puis l’arbre et puis l’ambre

l’orbe vivant de la violette

j’entretiens une relation entière avec la rosée

son rire pointu sur le bibelot du coeur

digne seulement de ce qui me touche

et de tout ce que je ne sais pas encore

digne seulement de ce désir de vivre tendrement

dans le volume souple d’un jour ordinaire

où tout repousse

chaud de sens cet amour

dans ses syntaxes vertes

couve l’éternité et ses petits

dans un fourré fait de feuilles et de fièvres

 

Barbara Auzou

Égale nudité

elle a roulé l’orange du souci

dans sa soif chimérique d’éternité

en moi mûrissent maintenant des signes insensés

tes mains soudain me paraissent étranges

d’être si intimes

elles disent sève et silence au cœur de l’ordinaire

elles disent pont arrimé

chair acidulée de beau temps et de douces dépendances

et je bois dedans ta résistance

avec la première goulée d’air

comme on boit la dimension habitable du poème

et des années

je reprends avec toi

la très quotidienne approche du bleu

qui se balance au bout de sa lanterne

au bout de ce risque de nous

déshabillé

où dansent aussi des copeaux de soleil

dans une égale nudité

 

Barbara Auzou