Belle joue de juin

alors tu as tourné contre les murs une tête pleine

d’alarmes

prisonnière d’images qui n’étaient pas les tiennes

attrapé les monstres du temps à apaiser

et tu es partie converser avec ces arbres sans âge

rassemblant le petit bois de ta quête

toi tu voulais le bleu immense d’une fête

tendrement cogné sur ta mélancolie ordinaire

des histoires pleines d’oiseaux à bercer sur des seins

familiers

dont tu te souviens soudain de l’odeur restée en lisière

et combien tu trouvais ça inexplicablement satisfaisant

inexplicablement gai

ce jeu de la peau toujours poussé plus loin

ce glissement des doigts dans les fleurs le corps caressé

du chemin

et tu reviens encore des années après embrasser

dans le fond des yeux

douce comme le silence la belle joue de juin

 

Barbara Auzou