Aujourd’hui, certains des élèves ont travaillé sur La mort, l’amour, la vie de Paul Eluard. Le travail avait déjà été amorcé la semaine dernière et les deux premiers poèmes figurent ici.
La mort, l’amour, la vie
J’ai cru pouvoir briser la profondeur l’immensité
Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho
Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges
Comme un mort raisonnable qui a su mourir
Un mort non couronné sinon de son néant
Je me suis étendu sur les vagues absurdes
Du poison absorbé par amour de la cendre
La solitude m’a semblé plus vive que le sang
Je voulais désunir la vie
Je voulais partager la mort avec la mort
Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie
Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buée
Ni rien devant ni rien derrière rien entier
J’avais éliminé le glaçon des mains jointes
J’avais éliminé l’hivernale ossature
Du vœu de vivre qui s’annule
*
Tu es venue le feu s’est alors ranimé
L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé
Et la terre s’est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J’avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré
J’avançais je gagnais de l’espace et du temps
J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière
La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l’aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours.
*
Les champs sont labourés les usines rayonnent
Et le blé fait son nid dans une houle énorme
La moisson la vendange ont des témoins sans nombre
Rien n’est simple ni singulier
La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit
La forêt donne aux arbres la sécurité
Et les murs des maisons ont une peau commune
Et les routes toujours se croisent.
Les hommes sont faits pour s’entendre
Pour se comprendre pour s’aimer
Ont des enfants qui deviendront pères des hommes
Ont des enfants sans feu ni lieu
Qui réinventeront les hommes
Et la nature et leur patrie
Celle de tous les hommes
Celle de tous les temps
Le Phénix
Editions Seghers, 1951
Kimi, élève de troisième nous en offre une version longue!:
J’ai cru pouvoir m’envoler au loin
Des mauvais esprits, pourtant mes amis.
Je me suis perdue dans cet univers qu’est mon imagination
Comme la colombe enfermée s’acharnant à s’échapper
Une illusion non dissuadée du fait de son oubli
Je me suis étendue sur les vagues absurdes
Du monde absorbé par le vide des lueurs
La solitude me semble la pire échappatoire, ma meilleure amie
Je voulais unir nos ressemblances
Je voulais partager mes défauts avec les tiens
Rendre espoir à l’obscurité et l’obscurité à la lumière
Tout effacer qu’il n’y ait plus ni mal ni blessures
Ni néant là ni néant ailleurs
J’avais gommé le désarroi des sourires
J’avais éliminé les larmes de ce douloureux souvenir
Du vœu de vivre qui en est ressorti
.
Tu es venu mon cœur s’est embrasé
L’ombre a cédé, la lumière s’en est retournée
Et la terre s’est libérée
De tes paroles je me suis abreuvée
Tu es venue la tristesse était vaincue
J’avais une étoile un ange gardien sur terre je savais
Me retourner je me savais avancer
À chaque pas je gagnais plus de bonheur
J’allais dans tes bras j’allais sans fin vers toi
L’amour me faisait gage de son cupidon
Morphée me faisait rêver
me faisait espérer une aurore divine
Ses rayons emportant mon cœur
La bouche mouillée de la tristesse du monde
Le calme s’était uni à la paix
Et je restais fidèle à l’amour de puis ce jour
La terre humide l’océan si posé
Et la campagne a son soleil inchangé
La moisson et ses récoltes offriront leurs doux épis
Offrande du naturel quotidien
La mer fait chavirer tout navire incertain
Et la forêt donne aux arbres un foyer
J’accueille la nature en mon cœur
Se peut-il qu’il y ait un bonheur?
Les hommes sont faits pour vivre en harmonie
Pour comprendre pour apprendre pour s’aimer
Je me suis endormie
près du fleuve
sur les vagues absurdes
d’un mariage d’eau et de feu.
Clara F, 5ème.
Les sentiments se confondent dans mon âme
le soleil a depuis longtemps asséché mes pensées.
Je me suis étendu sur les vagues absurdes
qui m’emportent à jamais
loin d’un monde rude.
Clara G, 5ème.
Je me suis étendu sur les vagues absurdes
Tu es venue le feu s’est alors réanimé
J’avais un guide sur la terre
Je savais que sur la seule pointe d’une herbe
Quelques odeurs semblaient veiller.
Enzo, 6ème.
Sur un sentier gris sans vie
Le soleil se couche envahi
Par les fantômes brumeux de mon esprit;
Je suis étendu sur les vagues absurdes
maintenant
De la lune qui fait son lit
Dans des draps rouge sang.
Alice, 6ème.
Je me suis étendue sur les vagues absurdes
d’un paysage farouche
se déroulant à ma bouche
comme de la soie effilochée.
ô le fatalisme permanent
et rude
et comme est déroutant
l’engrenage de la vie entêtée
qui veut que l’on avance en reculant!
Domitille , 3ème.
À bientôt avec ce poème de Paul Eluard: (en bleu le vers des plus jeunes, en rouge celui des plus grands.)
Souvenir Affectueux.
II y eut un grand rire triste
La pendule s’arrêta
Une bête fauve sauvait ses petits.
Rires opaques dans des cadres d’agonie
Autant de nudités tournant en dérision
Leur pâleur
Tournant en dérision
Les yeux vertueux du phare des naufrages.
Vos élèves ont bien de la chance…
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Si la majorité d’entre eux sont aussi mes élèves, certains ne le sont jamais…C’est une autre forme de contact…Et moi aussi j’ai de la chance..
Merci Josette…
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C’est un super travail qu’ils garderont en mémoire.
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J’espère..Mais surtout je souhaite que ça les construise durablement…la parole poétique est absente du monde dans lequel on les a jetés…
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Je le pense. Pour ma part, c’est une maîtresse d’école qui m’a donné le goût de la poésie et de la littérature. Je m’en souviens encore aujourd’hui.
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C’est à cela que l’on devrait toujours servir, dans le sens noble et non galvaudé du terme…
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C’est un noble métier.
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Chapeau !!
On reconnaît la patte du guide dans les vers émouvants des poètes « barbaresques ».
Chapeau !!
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Merci André!
Mes remerciements « Barbaresques! »
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Oh tres beau
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Bien bien !! laissons les avancer l’atelier. Beau projet, riche.
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Merci à vous…
Je serre la papatte de Cordélia…
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Elle sera contente 😉
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Miguel Hernández
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Llegó con tres heridas:
la del amor,
la de la muerte,
la de la vida.
Con tres heridas viene:
la de la vida,
la del amor,
la de la muerte.
Con tres heridas yo:
la de la vida,
la de la muerte,
la del amor.
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Merci Cochonfucius
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