« L’attente » de Guy Goffette »

Guy Goffette

Si tu viens pour rester, dit-elle, ne parle pas.
Il suffit de la pluie et du vent sur les tuiles, il suffit du silence que les meubles entassent comme poussière depuis des siècles sans toi.

Ne parle pas encore. Écoute ce qui fut lame dans ma chair : chaque pas, un rire au loin, l’aboiement du cabot, la portière qui claque et ce train qui n’en finit pas de passer

sur mes os.
Reste sans paroles : il n’y a rien à dire.
Laisse la pluie redevenir la pluie et le vent cette marée sous les tuiles, laisse

le chien crier son nom dans la nuit, la portière claquer, s’en aller l’inconnu en ce lieu nul où je mourais.
Reste si tu viens pour rester.

 

Biographie:

Naissance: 18 avril 1947 à Jamoigne (Gaume).

Guy Goffette est un poète et écrivain belge

Poète avant tout, même lorsqu’il écrit en prose, Guy Goffette a été tour à tour enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle et de L’Apprentypographe. Il a parcouru nombre de pays d’Europe avant de poser ses valises à Paris.

Il est lecteur chez Gallimard, où sont édités la plupart de ses ouvrages.
Entre autres travaux de préfaces, il est l’auteur de l’introduction aux œuvres complètes du poète Lucien Becker.

Eloges pour une cuisine de province (1988), La vie promise (1991), Mariana, portugaise (1991), Le pécheur d’eau (1995), Verlaine d’ardoise et de pluie (1996), L’ami du jars (1997), Elle, par bonheur, et toujours nue (1998), Partance et autres lieux (2000).

La poésie est le journal intime d’un animal marin qui est sur terre et qui veut voler.

Il aura écrit plus de vingt recueils de poésie et deux biographies poétiques : Verlaine d’ardoise et de pluie (1995) et Elle par bonheur et toujours nue (1998) consacré au peintre Bonnard au travers de Marthe son modèle, sa femme sur le tard.

Et pourtant Guy Goffette aura longtemps erré, chapeau noir vissé à la tête dans les chemins creux de la renommée. Un court roman « Un été autour du cou », l’aura fait mettre dans un halo de lumière, grâce à un parfum de scandale autour de l’initiation sexuelle d’un jeune campagnard Simon, mais plus vraisemblablement Guy Goffette lui-même, même s’il affirme : « je ne suis pas totalement Simon ».

Œuvres

Poèmes

Quotidien rouge, Éd. de la Grisière, Paris, 1971
Nomadie, Éditions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1979
Huit muses neuves et nues, poèmes sur des photos de Miloslav Stibor, Éd. de la revue Objectif, Virton, 1983. (Repris dans Éloge pour une cuisine de province)
Solo d’ombres, Éd. Ipomée, Moulins, 1983 (prix Guy Lévis-Mano)
Prologue à une maison sans murs, Éd. Qui Vive, Mareil-sur-Mauldre, 1983
Le dormeur près du toit, Éd. Cahiers du Confluent, Paris, 1983
Pour saluer André Frénaud, en collaboration, Centre national des lettres, Paris, 1987* Le relèvement d’Icare, en collaboration avec Yves Bergeret, Éd. La Louve, Spa, 1987
Éloge pour une cuisine de province, Champ Vallon, Seyssel, 1988. Postface de Jacques Borel. Prix de la communauté française de Belgique 1988 et prix Mallarmé 1989
Chemin des roses, en collaboration avec Bernard Noël, L’Apprentypographe, 1991. Illustrations de Colette Deblé. Tirage limité à 99 exemplaires
La Vie promise, Gallimard, Paris, 1991, coll. Blanche. Rééd. en 1994, 1997, 2001.
Le Pêcheur d’eau, Gallimard, Paris, 1995, coll. Blanche. Rééd. 2001
Icarus, avec traduction anglaise de Tucker Zimmerman, Éd. Signum, Paris, 2000* Éloge pour une cuisine de province suivi de La Vie promise, préface de Jacques Borel, Gallimard, Paris, 2000, coll. Poésie/Gallimard. (Ces deux recueils avaient paru respectivement en 1988 et 1991.) Rééd. 2002
Un manteau de fortune, Gallimard, Paris, 2001, coll. Blanche
Sur le fil des collines, Le Petit Poète illustré, 2001
Le seul jardin, avec des sérigraphies de François-Xavier Fagniez, Rencontres, 2001* Solo d’ombres précédé de Nomadie, édition revue et corrigée, Gallimard, paris, 2003, coll. Blanche
Poètes pour le temps présent, anthologie, collectif, Gallimard Jeunesse, 2003, coll. Folio Junior
L’Adieu aux lisières, poèmes, Gallimard, 2007, coll. Blanche

16 réflexions sur “« L’attente » de Guy Goffette »

  1. Guy Goffette est l’un de mes auteurs préférés. J’ai traduit plusieurs de ses poèmes. Voici ma traduction de L’attente:

    L’attesa

    Se vieni per restare, lei dice, non parlare.
    Bastano pioggia e vento sopra le tegole,
    basta il silenzio accumulato sopra i mobili
    come polvere dopo secoli senza te.

    Ancora non parlare. Ascolta ciò ch’è stato
    lama nella mia carne: ogni passo, un ridere lontano,
    l’abbaiare di un cane, lo sportello che sbatte
    e questo treno che non finisce mai di passare

    sulle mie ossa. Rimani senza parole: non c’è nulla
    da dire. Lascia che la pioggia ridiventi pioggia
    e il vento questa marea sotto le tegole, lascia

    il cane gridare il suo nome nella notte, lo sportello
    sbattere, andarsene lo sconosciuto in quel luogo vuoto
    dove io morivo. Rimani se vieni per rimanere.

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