Sixième lettre pour toi

parce que ton visage est ce que je connais de plus proche de la terre

parce que tes mains ont quelque chose de lent et de secret

la beauté d’un bleu déserté

la fraîcheur d’un lit sincère

je t’écris

et j’accroche partout à la crue des paroles

des raisons plus hautes et invisibles

la poésie n’est pas un petit supplément d’âme dont il faudrait s’orner

c’est un acte ardent

une résistance forcenée

un corps à corps patient avec le sensible

un très ancien rendez-vous sans le faste des jardins mais avec l’oiseau fou

que rien ne plie

et qui ne se livre pas d’emblée

une liesse d’herbe qui subitement te déclarerait heureuse toi aussi

voilà ce que je suis

voilà mon appartenance sans retour

et je fais de la constance de nos routes parsemées de ruches

une libation pour le stable

prompte à se donner dans la toute première fleur

l’amour d’un seul tenant et un bouquet sur la table

 

B.

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