L’oiseau pulmonaire

j’ai vu ce qu’il fallait que je voie

je sais la charge raide sur la selle des lendemains

la poche crevée des souffrances sur le feu de la marmite

les relents de laisser-faire consignés au grenier

toutes ces marches vermoulues qu’on évite sciemment

et puis les peines enterrées là sous le vieil érable

elles et toutes leurs portées à venir

mais il y a une campanule sur le rebord du temps

des mers pérennes au-dessus des toits

je vais vieillir et surtout parler plus bas

former le vœu effarant et fou d’une main qui effleure

et se balance au panier de l’épaule

à la tresse du bras

d’une main qui fait le lit des forces inaliénables

j’y inviterai la nuit et l’oiseau pulmonaire de plus en plus petit

le touchant du doigt je lui donnerai alternativement le mouvement

et le repos

pour que toujours lui revienne la saveur de l’aube

embouquée de pavots et de grands désordres clairs

 

Barbara Auzou

13 réflexions sur “L’oiseau pulmonaire

Laisser un commentaire