Tu me dis que la distance est un fruit

tu vois elle n’a pas poussé la fleur du renoncement

tout au plus s’est-elle maquillée doucement

tout au plus échange-t-elle ses rêves contre le jour

et laisse l’hiver agiter ses derniers grelots

derrière les fenêtres

je t’aime le temps referme la cage des désenchantements

et tu me dis ta joie d’aller dans le clair enfin

comme en rébellion ouverte

tu me dis l’arche et l’écrin d’une vaste respiration

tu me dis que tu es un oiseau encore

que la distance est un fruit qui coule en ses fonds un matin

que rien n’est plus exotique que le retour du familier

que tout ce qui nous maintient en vie a la forme d’un jardin

et je te réponds rives de douceur

et je te réponds sables de lumière qu’on ne foule que nu-pieds

je souris à ce désir fauve qui pointe son étamine

à ce vert tendre qui me penche invariablement vers le baiser

 

Barbara Auzou

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