Tu peux venir

tu peux venir

maintenant que je sais traverser

les abîmes

jusqu’aux muscles de lumière

maintenant que je sais me laisser

bercer par la cambrure du temps

il n’y a plus rien qui ne fleurisse sans accueillir

les courants d’air ascendants et descendants

et la lucidité est un jeu qui dure

auquel je veux jouer encore longtemps

surtout quand elle est palissée de fleurs

au coeur énorme

tout ce que j’ai essayé de ranger en dehors de moi

s’y est refusé avec une régularité si métronome

que j’ai tout remisé en dedans

et je souris à cet ordre tout de guingois

que les oiseaux pillent allégrement à l’aurore

faisant mine de s’attaquer à mes arbres sans souffrir

et à l’aile bleue de ma joie

 

 

tu peux venir maintenant

 

Barbara Auzou