Sans faillir

on a interprété les vents solaires

riant souvent de notre belle ignorance

on a noué nos racines chaque fois plus serrées

autour d’une étoile ivre encore proche de l’enfance

puis ramené de nos pêches nocturnes des bouquets

de temps rompu et de fleurs sauvages

on a contourné le néant des phrases

comme on a pu

pour caresser la pierre ses raisons entières

transparentes

tiré des saisons vastes à nos fenêtres

ancré dans notre sillage un amour bien dans ses poulies

aux mains urgentes toujours au bord des fruits sans faillir

et d’un éternel été

et c’est assez pour qu’un jardin s’éprenne de nous

avec tous ses présages

pour que l’on soit à la fois l’arbre la terre et puis le ciel

et c’est assez pour cueillir au seuil de nous-mêmes

la seule lumière qui vient quand on l’imagine

 

Barbara Auzou

10 réflexions sur “Sans faillir

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