La tyrannie des mathématiques…

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C’est une évidence : depuis des années, les sections scientifiques sont privilégiées dans nos sociétés, et les mathématiques permettent d’opérer une sélection dont on perçoit toute l’injustice et l’incohérence.

Dans les lycées, les classes de séries littéraires sont de moins en moins nombreuses et la plupart des bons élèves sont orientés vers les sections S, avec de nombreuses heures de mathématiques.

Quelle est cette aberration ? On peut ne pas avoir la bosse des maths et être tout à fait performant dans nombre de disciplines.

C’est, pourtant, bien une formation littéraire qui permet à l’être humain de mieux s’intégrer dans la société, de mieux comprendre le monde qui nous entoure, de mieux appréhender le présent tout en faisant référence au passé.

C’est d’ailleurs ce bagage littéraire qui fait défaut, de nos jours, à de nombreux adultes dont on repère assez vite les lacunes et les difficultés en grammaire, en orthographe, ou qui manquent de culture générale…Même chez les sur-diplômés.

Oui, on peut parler d’une véritable tyrannie des mathématiques : de nombreux élèves seraient intéressés par des études littéraires, mais la pression des parents, de la société les conduit souvent à s’orienter vers des sections scientifiques jugées plus valorisantes et offrant plus de débouchés.

Il faut changer cette tendance qui conduit à appauvrir les séries littéraires, à les déprécier totalement, tendance d’autant plus dangereuse qu’elle anéantit tout un pan de notre culture.

Les lettres, la littérature,  l’histoire sont des disciplines fondamentales et essentielles : or, elles sont de plus en plus négligées, mises au rebut.

Caricature?: Pas tant que ça…Et j’entends déjà les remarques que l’on peut aussi « être complet » …Evidemment…Et tant mieux..

j’observe, pour ma part, d’ailleurs, beaucoup plus de mépris de la part des « forts en maths » chez les élèves envers les littéraires, que le contraire…Un peu d’humilité peut-être serait bienvenue. Savoir ressentir un poème et l’analyser est une grande chance de vie…Autant , si ce n’est plus (mais là c’est ma mauvaise foi qui parle et ma colère…) que de résoudre une équation…

28 réflexions sur “La tyrannie des mathématiques…

  1. Tout à fait vrai… (Dans mon petit village, nous étions 6 en L dans mon année, un triste record… par rapport à l’habituelle dizaine !)

    Pour moi, les profils les plus intéressants sont d’ailleurs les touche-à-tout, les vrais curieux qui passent des maths à la philosophie en s’arrêtant longuement à la case poèmes ! Mais vu qu’on ne peut pas tout aimer, ça n’a pas de sens de créer des hiérarchies aussi tranchées. Chacun apporte sa petite pierre à la société…

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  2. Un postulat de base de notre système éducatif veut que les mathématiques soient moins élitistes du point de vue du milieu social. On pose qu’un enfant issu d’un milieu modeste a plus de chances d’exceller un jour en mathématiques qu’en français. Et je crains, hélas, que cela ne soit pas si faux. Mis à part que 1) cela signifie que l’on prend son parti de ne pas enseigner la langue de manière efficace (car il est de fait qu’on ne l’enseigne pas de manière efficace, je dirais même que les programmes officiels n’y tendent même pas), 2) le déficit linguistique ne manque pas d’avoir une incidence sur la capacité de raisonnement à laquelle font appel les maths (Cédric Villani expliquait cela très bien, il y a quelques jours, sur France-Culture, je crois).

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  3. Pourquoi soit le français (pour contourner le terme déjà réducteur de littérature) soit les mathématiques soit l’art ? Ne pourrait-on pas se réinventer une recette de mille-feuilles français-mathématique-art ? Étant fort heureusement tombé dans la case « mathématique », la mauvaise foi assumée me plaît bien !

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  4. Moi qui suis un amoureux du savoir dans toutes les disciplines, un tronc commun conservant la même importance à toutes les disciplines m’aurait très bien convenu. Mais je comprends aussi que l’on puisse vouloir se spécialiser : tout le monde n’entreprend pas des études par pur amour désintéressé du savoir, et il y en a quand même beaucoup qui pensent avant tout à obtenir un métier. Ne leur jetons pas la pierre. Ces personnes sont victimes d’un préjugé selon lequel les disciplines littéraires offrent moins de débouchés, ce qui est partiellement faux : il y a des débouchés à tous les longueurs d’études, du Bac+0 au Bac+10. Secrétaire, attaché parlementaire, diplomate, journaliste, conservateur de bibliothèque ou de musée, communicant, publicitaire, enseignant, écrivain public, éditeur, comédien, metteur en scène, organisateur d’événements, guide pour touristes, homme politique…

    Le problème vient aussi du fait que les séries L accueillent parfois davantage les « non-matheux » que les « forts en lettres ». Un choix qui se fait parfois par négation et non par affirmation. Ce qui finit, à force, par donner du crédit à l’idée (fausse au départ) selon laquelle le niveau serait meilleur en S.

    Toujours est-il que la baisse des inscrits en L se ressent aussi fortement dans les sections littéraires des Universités, ce qui entraîne des fermetures d’options, des regroupements de départements, donc une offre moins bonne pour les étudiants, et un moindre besoin d’enseignants, qui pose problème aux jeunes docteurs qui voudraient, à leur tour, enseigner à l’université.

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  5. Il est vrai que les étudiants d’option plus scientifiques sont généralement plus critique envers les étudiants de section littéraire (et je peux me permettre de le dire puisque je suis en dernière année d’une licence en chimie). Pour moi aussi mon coeur balançait entre les sciences et la littérature. Est ce la pression sociale qui m’a faite craquer? Je ne sais pas mais en tout cas je continue à lire… 🙂

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  6. Vaste sujet… J’observe déjà un très faible niveau de maîtrise de la langue chez les scientifiques qui ne daignent plus s’intéresser aux matières littéraires.
    Mais en même temps il faut avouer que ce sont des matières pas toujours très bien enseignées (comme toutes..) .. J’ai en mémoire des profs qui m’ont donné le goût de l’écriture et d’autres qui ont failli m’en dégoûter. Le temps fait son œuvre.
    Le paradoxe est que le niveau en science baisse pourtant mais qu’il y a une pression sociale pour faire du scientifique

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  7. Il me semble que le problème vient aussi du fait que la section L ferme plus de portes que la section S au niveau universitaire, alors, lorsqu’on choisit la filière littéraire, il faut vraiment savoir dès la seconde dans quelle voie on veut se diriger pour ne pas se trouver dans une impasse après le bac. Je parle en connaissance de cause, tout le monde me conseillait de faire S, j’ai choisi L ! Plus de quinze ans après je ne regrette pas, mais j’avoue avoir parfois douté…

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  8. C’est vrai… d’ailleurs c’est ce qui m’est arrivé, car même si mes parents ne m’ont jamais interdit d’aller en L, à force d’entendre tout un tas de commentaire de la part de mon entourage qui me conseillait d’aller en S, je me suis laissé influencer… Le problème quand on manque de confiance en sois c’est qu’on a tendance à remettre toujours en doute ces décisions et suivre sans trop réfléchir celles des autres (parce qu’on pense qu’eux ils sont forcément mieux que nous et prennent de meilleurs décisions. Du coup je suis en S et je suis tombée dans un gouffre de non-motivation… J’aurais envie de retrouver la moi de seconde et lui mettre des claques d’avoir été si stupide…

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  9. Moi j’étais en S pour faire comme mon grand frère et car il y a plus de débouchés pour les forts en maths et c’est vrai qu’après, la réussite est assurée (si on est fort), mais j’aurais été mieux en L car je suis bilingue français anglais, et toutes ces heures de mathématiques ça forme l’esprit mais c’est rébarbatif tant qu’on n’a pas trouvé la clé !

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