à André Bacque
Je voudrais être un vieillard
Que j’ai vu sur une route ;
Assis par terre au soleil
Il cassait des cailloux blancs
Entre ses jambes ouvertes.
On ne lui demandait rien
Que son travail solitaire.
Quand midi flambait les blés,
Il mangeait son pain à l’ombre,
Je connais dans un ravin
Obstrué par les feuillages
Une carrière ignorée
Où nul sentier ne conduit.
La lumière y est furtive
Et aussi la douce pluie;
Et un seul oiseau parfois
Interroge le silence.
C’est une blessure ancienne,
Étroite, courbe et profonde
Oubliée même du ciel ;
Sous la viorne et sous la ronce
J’y voudrais vivre blotti.
Je voudrais être l’aveugle
Sous le porche de l’église :
Dans sa nuit sonore il chante !
Il accueille tout entier
Le temps qui circule en lui
Comme un air pur sous des voûtes.
Car il est l’heureuse épave
Tirée hors du morne fleuve
Qui ne peut plus la rouler
Dans sa haine et dans sa fange.
Je voudrais avoir été
Le premier soldat tombé
Le premier jour de la guerre.
A mon tour de découvrir…connaissais pas…c’est une lacune quand je vois à quel point il est marqué de guerre…oh merci Barbara…
Il y a d’autres poèmes
A Luc Dirtain
Il y a d’autres poèmes
Que je projetais d’écrire.
J’aurais pu peupler ce livre
De pauvres oiseaux sanglants
Aux yeux pleins d’horreur;
De noirs oiseaux mutilés
Épuisant, tels que des feuilles,
Un vol au ras des ornières
Avant de mourir.
O potentats, gens de guerre
Qui nous teniez à merci !
Sombre engeance, vieux gendarmes.
Faux courage et faux honneur !
Je crois n’avoir jamais pu
Haïr pour mon propre compte,
Mais je m’étais bien promis
De chanter comme il convient
Pour tuer votre légende.
Et j’avais peur d’oublier !
Et j’avais peur d’oublier
Le visage des martyrs,
La lâcheté des méchants,
Telle angoisse et tel soupir,
Tel aspect et tel accent.
Hélas ! que n’ai-je oublié !
Et que n’ai-je à ranimer
Dans un long frémissement
Un à un des souvenirs
Repliés dans ma mémoire !
La guerre est encore vivante
Et pesante en moi comme un mal
Qu’on n’arrive pas à guérir !
La guerre est la tache grasse
Qui recouvre hier,
Mais si large et si nourrie
Qu’elle envahit le présent.
La guerre, ah ! je la refoule
En moi chaque jour ;
Une affreuse nostalgie
Me hante et m’étreint ;
J’attendrai d’en être libre
Pour ajouter à ce livre ;
Pour prêter ma voix au torrent
J’attendrai d’être loin de lui
Où qu’une herbe drue habite
Son lit asséché.
Je ne pourrais aujourd’hui
Qu’y retremper ma colère.
Mais la colère est impure et stérile,
Ne sait pas chanter, refuse les larmes
Et fait trop honneur à ce qui l’anime;
Son cri n’est pas celui qui délivre.
Amitié, amitié de tous mes amis,
Innombrable amitié de mes camarades,
Je tournerai mes yeux seulement vers ton visage ;
Il avait, dans l’âpre aventure
La tendresse de l’arc-en-ciel
Et déployait comme lui son sourire
Sur un ciel mauvais et plombé d’orage.
Je me délivrerai, amitié, en te chantant;
Vivace amitié toujours retrouvée
Dans tous les remous et à tous les vents !
Ah ! de quoi nos coeurs, dans ce long exil
Auraient-ils pu vivre, amitié, sans toi ?
Et sur quoi de certain, sinon sur toi
Pourrions-nous fonder aujourd’hui la joie.
L’inquiète joie, la fragile joie ?
Recueil : « Chants du désespéré »
J’aimeAimé par 3 personnes
Oui je l’avais repéré aussi celui-ci…
Je découvre depuis peu en fait.Je ne le connaissais que très peu…Et je lis et relis beaucoup de poésie en ce moment…
Merci Alain.
J’aimeAimé par 2 personnes
Bon jour,
Blessures … pour les vivants à la plume … rien n’y fait … ils sont tous morts … les premiers…
Max-Louis
J’aimeAimé par 2 personnes
Oui…
Bonne journée, Max-Louis.
J’aimeAimé par 2 personnes
La guerre, ce fléau de l’humanité que l’homme entretient…
Merci michema
J’aimeAimé par 2 personnes
Connaître….je connais rien…de mieux…l’en Vie de t’apprendre se fait sans tir, Barbara…
J’aimeAimé par 1 personne
Tricheur impénitent il ne fait que tendre la glace aux autres en les accusant du doigt de la victime alors que le criminel c’est lui.
Merci Max-Louis de ta Présence. Fidèlement objective.
J’aimeAimé par 1 personne
Présence POETIQUEMENT objective de Max-Louis…
J’aimeAimé par 1 personne
De tous les types de présence c’est pas rien🐾
J’aimeAimé par 1 personne
je suis bien d’accord…
J’aimeAimé par 1 personne
Je n’aurai m’aime pas imaginé en douter❤️
J’aimeAimé par 1 personne
A reblogué ceci sur Alessandria today.
J’aimeJ’aime
Très beau texte
J’aimeAimé par 1 personne
Je trouve aussi!
J’aimeJ’aime
Great post. I was checking continuously this weblog and
I am impressed! Extremely useful information specially the final part 🙂 I
maintain such information much. I was seeking this certain information for a very long time.
Thanks and good luck.
J’aimeAimé par 2 personnes
Chant d’un plumitif
—————————
Je voudrais être un guépard
Courant après les gazelles ;
Je voudrais être un busard
Capturant les hirondelles.
Sans penser, mordre la chair
Où la vie tremble et palpite,
Se cacher dans le désert,
Sans devenir un ermite.
Je voudrais vivre de rien
Ou presque, dans un coin sombre,
Ignorant le mal, le bien
Et leurs nuances sans nombre.
Sans penser, boire de l’eau
Provenant d’une fontaine
Où se baignent les oiseaux
Dont l’âme est toujours sereine.
Je voudrais, dans un chalet,
Passer le jour à écrire
Auprès des monts du Valais,
Qui dans un grand lac se mirent.
Sans penser, tracer des mots
D’une écriture bien ronde,
Inventer des animaux,
Inventer un nouveau monde.
J’aimeAimé par 1 personne
Oh!
Merci beaucoup….
J’aimeAimé par 1 personne
https://paysdepoesie.wordpress.com/2014/03/11/chant-dun-plumitif/
J’aimeAimé par 1 personne