Pudiquement nos plaies

Porto

pudiquement nos plaies nues

dans leur enchevêtrement de couleurs

et d’ailes trop graves pour se déguiser

trop aériennes pour ne pas danser

douceur malgré le froid de la vie parfois

et tous ces vents dont nous ignorons le sens

nos âmes portées à maturité dans des celliers

immenses

c’est Pessoa revisité entre flegme et rage

entre failles et faïences

une artère sans fin nous abreuve de sensibilité

doucement la rive du Douro allonge ses solives gémissantes

aux venelles de nos corps en décrue

fado d’eau douce sur la pierre dure

et la mer encore à notre route toujours parallèle

il n’y a que nous et l’univers

pas d’autre surprise que la beauté sinon l’amour

nous ne sommes que des mains qui cueillent des fleurs

à leur insu *

 

Barbara Auzou.

 

*Fernando Pessoa

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